Comment l’idée a pris forme

« Un jour, dans les couloirs de l’hôpital, je suis passée devant une chambre où se trouvait un petit enfant dans un relax posé sur le lit. Il était tout seul. Ni visite, ni présence de maman ou papa… La chambre n’était pas décorée, aucun dessin au mur, pas de petits cadeaux… » Pour le livre ‘Anders nabij’, Elke – la maman de Harte – décrit comment lui est venue l’idée de fonder l’ASBL.

Un jour, dans les couloirs de l’hôpital, je suis passée devant une chambre où se trouvait un petit enfant dans un relax posé sur le lit. Il était tout seul. Ni visite, ni présence de maman ou papa... La chambre n’était pas décorée, aucun dessin au mur, pas de petits cadeaux…

J’ai réalisé à quel point nous avions de la chance. Nous pouvions passer toute la journée avec Harte. J’avais (et j’ai toujours) un employeur formidable qui a dit : « Nous allons tout faire pour que Elke ne pâtisse pas trop de la situation et nous l’aiderons autant que possible ». Nous avons tenu un agenda afin d’organiser les visites de la famille et des amis à Harte. Nous étions bien entourés et nous sentions constamment soutenus. Je ne juge pas la famille du petit enfant. Souvent, les enfants hospitalisés viennent de pays lointains ou ont des parents avec un employeur moins flexible que le mien. Ou peut-être les circonstances sont-elles simplement différentes. Il va de soi que, dans ce cas, les visites sont moins évidentes. Je suis bien consciente du fait que certains parents n’ont pas facile. Mais la pièce était nue et vide. Cet enfant ne pouvait pas s’y sentir chez lui. Mon amie Ilse a réalisé pour Harte un pyjama qui s’ouvrait complètement pour éviter qu’elle doive l’enfiler par la tête où se trouvaient trois cathéters. Notre voisine Marissa et sa fille Nieke lui ont confectionné une petite couverture polaire ornée de petits cœurs et marquée à son nom. Harte l’a souvent utilisée comme tente ou comme cachette pour les médecins et infirmières. Notre fille a également reçu une poupée vêtue du même pyjama que le sien et avec des cheveux bouclés comme elle. Sa meilleure amie Nora lui a offert une guirlande pour décorer sa chambre. Ce sont toutes ces choses qui m’ont incitée à concevoir pour les autres enfants malades un colis ‘bien-être’ pour leur chambre d’hôpital.

Avec l’aide de Johan, marraine Lieve et parrain Toon, j’ai créé l’ASBL Princesse Harte avec pour objectif de rendre plus agréable la vie des enfants hospitalisés pour une longue durée. Tout a commencé chez nous, autour d’une table. Ensemble, nous avons confectionné des poupées, des pyjamas et de petites couvertures. Notre maison, qui était mon refuge, s’est transformée en atelier avant de devenir un véritable entrepôt. Ensemble, nous avons passé de précieuses heures autour de la table. Notre maison est devenue un endroit de réconfort où mes amies m’ont consolée par leurs paroles mais également par leurs créations. Nous avons pleuré mais aussi beaucoup ri. C’est là que nous avons décidé de garder vivante la mémoire de Harte, non seulement pour nous mais pour tous ceux qui en ont besoin. Notre maison s’est également transformée en boulangerie et en atelier de bricolage. Toutes mes économies sont passées dans le matériel nécessaire aux colis. Pour pouvoir acheter du matériel supplémentaire, je me suis mise à faire des biscuits avec l’aide d’une trentaine d’amis boulangers et j’ai fabriqué des confitures. Nous avons aussi confectionné de petits gadgets que nous avons vendus dans des stands. J’ai également fait un dessin de princesse qui est devenu le logo de l’ASBL mais aussi le label à accrocher aux pyjamas, coussins en forme de cœur, bavoirs, gigoteuses, vêtements de poupées, sacs bandoulière, peluches… Ensuite, les choses se sont enchaînées naturellement. A l’hôpital, ils nous ont demandé si nous pouvions également confectionner des bonnets. Apparemment, il n’est pas toujours évident de trouver des modèles adaptés à la saison. Harte avait reçu de très beaux bonnets de sa grand-mère Mie­ke et de sa tante Lieveke. Ils provenaient d’un magasin situé à Malines. Nous leur avons demandé s’ils étaient d’accord d’en confectionner pour l’ASBL afin que nous puissions les offrir à l’hôpital. Il s’est avéré qu’ils avaient un frère qui, lui aussi, était mort du cancer. Notre ASBL ne cessait de prendre de l’ampleur et nous n’étions plus en mesure de tout faire nous-mêmes. Nous sommes allés à la recherche d’une entreprise mais nous ne voulions pas d’une société purement commerciale. Nous voulions des produits locaux. Nous avons trouvé une entreprise d’emploi social à Anvers et avons obtenu un entretien avec le manager. Lorsque nous lui avons exposé la teneur de notre ASBL, il est resté un moment sans voix. Sa première réaction fut de dire : « Je suis assis de l’autre côté de la table. Je fais partie des chanceux dont l’enfant a gagné la bataille contre le cancer. » Nous travaillons toujours ensemble et sommes fiers de notre bonne collaboration. »

Source : "Anders Nabij", de stille kracht van ouders na de dood van hun kind. Auteur :  An Hooghe.

Consultez la plateforme digitale : www.andersnabij.be

Commandez ici le livre Anders Nabij : Uitgeverij Charlotte